LA GRANDE GUERRE VUE DU CONSEIL MUNICIPAL, VINEUIL-ST-FIRMIN 1914-1918

guerre1La lecture des délibérations du Conseil Municipal durant cette période donne assez peu l’impression d’un village immergé dans une guerre longue, douloureuse, sanglante. Aucune allusion aux mobilisés, aux permissionnaires, aux blessés, aux décès des enfants de la commune, si ce n’est la décision en novembre 1914 d’envoyer un colis aux soldats de Vineuil prisonniers.

Le contenu: « un cache-nez, un plastron, une paire de chaussettes, une paire de manchettes ». En novembre 1915, on envisage l’édification d’un monument aux morts dans l’ancien cimetière, à l’emplacement du calvaire.

En juin 1918, une « ambulance militaire » s’installe à Vineuil et demande la création d’un cimetière spécial pour les soldats. Le terrain sera acheté à Mme Bradley (Wood Lodge) mais la commune, toujours à cours de ressources, ne participera pas aux frais.

Le 10 novembre 1918, un hommage est adressé à Clémenceau et Foch pour leur contribution à la victoire.

Peu avant la déclaration de guerre, il avait envisagé l’électrification, celle-ci démarrera en 1921.

Pendant toute la guerre, le Conseil Municipal est écartelé en deux groupes antagonistes et irréconciliables. De 1914 à 1916, la commune est gérée par une « Commission Administrative Provisoire » auto proclamée par six conseillers qui ont écarté les six autres des délibérations. Ils sont accusés d’avoir abandonné leur mandat « face à l’ennemi ».

En fait, ils ont quitté temporairement la commune en raison de l’avance allemande d’août 1914. De 1916 à 1918, c’est l’alternance et on est toujours loin de l »Union sacrée ».

1 Les rassemblements tumultueux ont absolument interdits dans l’intérieur de la localité, en vue de la sécurité publique,

2 Les habitants, vu les difficultés actuelles, sont invités à entretenir des relations amicales entres eux et à éviter tout conflit avec les commerçants qui eux, de leur côté, devront mettre à la disposition des suivants les ressources dont ils disposent.

C’est que des difficultés de subsistance apparaissent dès le début de la guerre, occasionnées par la raréfaction guerre_2des denrées et le manque de bras. Des soupes populaires sont organisées par le « fourneau économique ». La boucherie Borgol est réquisitionnée pour distribuer les rations de viande. On demande l’affectation d’un ouvrier boulanger mobilisé pour cuire le pain. En 1917, on envisage de prélever 50 hectares de terrain du Golf pour y planter des pommes de terre. Il faut accroître les coupes de bois de chauffage pour pallier le manque de charbon.

Chaque année, on vote le budget communal et chaque fois, c’est le même exercice périlleux d’équilibre qu’il faut trouver en créant des recettes nouvelles par les impositions directes.

Novembre 1918, la guerre est finie. A part le message d’un ton très convenu adressé aux chefs, nulle émotion quant au retour de la paix et des survivants. Et pourtant, il y a 58 noms sur le monument aux morts.

(Jean-Pierre Cathaly)